Je n'aurais jamais cru que cette saison qui a démarré de façon si molle et non-inspirée, finirait par ce qui est probablement le meilleur épisode de la série pour moi.

C'est à 90% dû au fait que la série a été annulée et que cette fin de saison est devenue une fin de série. Mais qu'importe : en l'état, finir de façon si sombre et anti-climatique est vraiment osée.

Alfre Woodard, qui a porté la saison sur ses épaules, est encore une fois la MVP du final : elle tire sa révérence d'une façon poétique et macabre, et ultimement gagne la bataille contre Luke Cage, la piégeant depuis sa tombe...

Ce que j'adore dans ce final, c'est que j'aimais énormément Mariah - de loin le meilleur personnage de la série, et il la met totalement à l'honneur. A l'inverse, je trouvais que l'hypocrisie progressive des personnages/de la série qui plaçait des gros connards comme Shades, Bushmaster ou Tilda sur des piédestales, devenait assez pénible. Mariah est évidemment une tueuse criminelle, mais elle est complexe, a été totalement poussée par Cottonmouth et Shades, a une vraie intention autre que le pouvoir, a un vrai traumatisme d'enfance, etc. Voir que la série plaçait Bushmaster en gentil était vraiment lourd. Et du coup ici, en voulant causer une fin de saison amère, je suis absolument satisfait sur tous les plans : l'hypocrite Shades coffré, la tout-aussi hypocrite Tilda dont l'écriture hazardeuse permet au moins de lui donner la porte de sortie qu'elle mérite...

... ou encore Luke Cage, de loin le héros le plus insipide de tous, avec un Cotler vraiment inégal tout au long de la série. Luke finit par diriger l'empire Stokes et le Harlem's Paradise, avec un dernier plan sur le regard inquiet de Misty qui en dit long...

C'est vraiment une superbe fin, celle d'avoir osé transformer ce pseudo-héros ultra fade (il n'a jamais été l'intérêt de la série) en la nouvelle cible à abattre qui fait perdurer le système d'une façon perverse et contre la loi. C'est une sorte de reprise du cycle sans fin de la drogue et de la criminalité, façon pseudo intro à The Wire. Même l'absence étonnante de Rosario Dawson, mentionnée seulement quand Luke refuse de la voir, a du sens ici ; et même l'abscence malheureuse du père de Luke, dont l'acteur est décédé en cours je pense, est aussi appropriée pour ne pas assister à la transformation de Luke.

Franchement, sans ce dernier épisode, la saison ça aurait été juste poubelle, à part pour Mariah. Et même si certaines intrigues sont vraiment rafistolées à la va-vite ici (Tilda et Bushmaster surtout), ce final rend le tout complètement worth it.

C'est rare d'avoir un épisode involontairement très bien. Les astres se sont alignés pour former quelque chose de certes très peu cohérent, mais de radical et intéressant, ce qui en fait  avec Alfre Woodard l'élément le plus mémorable de cette série - qui n'a jamais su se relever du départ de Mahershala Ali.